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Titre du blog : Une rédac' sous les toits de la Capitale
Auteur : Emes
Date de création : 17-08-2008
 
posté le 23-08-2008 à 14:27:41

Une beauté à double sens

 

 

Alors que nous vivons à une époque et dans une société où les tabous se font rares, il subsiste une sorte de paradoxe autour du corps de la femme qui ne sera résolu que lorsque  chacune d'entre nous aura accepté que ce sont ses formes qui différencient son corps de celui du sexe opposé et qui font tout son charme. L'influence culturelle et l'exigence des hommes perdront alors tout l'impact qu'ils ont eu sur la gent féminine au cours des siècles passés, et elle sera seule à pouvoir déterminer si oui ou non, elle représente un canon de beauté (et si elle a envie de l'être).

 

Mère ou sex symbol : à une époque il fallait choisir
Commençons par un petit retour en arrière : d'où vient que l'embonpoint et la beauté sont synonymes ? La réponse à cette question qui nous laisse toutes coites, se situe dans une période de l'Histoire où le poil était à la mode (je veux parler de la Préhistoire). En effet, bien que velues, les femmes préhistoriques n'en gardaient pas moins leur caractère sexuel : la fertilité pour les plus charnues, contre la beauté pour les plus filiformes. Il faut croire que le premier caractère était le plus admirable, puisque certaines déesses de la Grèce antique, qu'on qualifierait aujourd'hui de « boulottes », représentaient par le biais de sculptures, tout à la fois fécondité et canon de la beauté de leur époque. Et ce n'est pas fini, la Renaissance va s'inspirer de cette statuaire et mettre au centre de ses poèmes et de ses peintures un corps nu qui laissera voir toutes les formes de la femme. Le tabou de la nudité est-il levé pour autant ? Et bien non. À cette époque, la beauté du corps permettait simplement de montrer la beauté morale, et si l'on peut accuser le spectateur de voyeurisme, on ne peut pas l'accuser de vouloir se rincer l'œil devant tous ces nus puisque leur but était uniquement de dévoiler l'âme qu'ils renfermaient.

 

Critères de beauté, critères sabotés
Ne nous leurrons pas sur le prétexte qui permettait de peindre la nudité : il n'était autre que les jeux érotiques des dieux et des déesses. Sous-entendu, les corps peints n'étaient en aucun cas le reflet d'une réalité, d'autant plus que l'idéal de la beauté était... masculin ! Alors qu'aujourd'hui encore, certains mâles répugnent à changer leur vision de la femme qu'ils considèrent comme inférieure, à cette époque c'était le corps féminin tout entier qui était considéré comme tel ! (Avis à celles qui trouvent leur homme un peu macho sur les bords !) Mais revenons à nos moutons... Après que la corpulence a été symbole de maternité et de bonté, elle est devenue synonyme de réussite sociale. Logique, me direz-vous, mais alors pourquoi un siècle plus tard ces mêmes riches découvraient la diététique qui devint, pour eux, la nouvelle mode du XVIIIe ? (Ceci dit, ne nous emballons pas, le terme de cellulite ne fera son apparition que beaucoup plus tard.) Toujours est-il que la beauté va franchir les barrières de la bourgeoisie et que ses critères ne vont plus dépendre ni de la classe sociale de la femme ni de sa moralité.

 

« Je suis une poupée de cire... »
La conséquence logique à cette « universalisation » sera une beauté plus insolente qu'incarneront à merveille les danseuses de cabaret, relayées par les pin'up du cinéma américain dès la fin de la seconde guerre mondiale. Dans les années 60, le « modèle sablier » est renversé par un phénomène commercial et social : Barbie. Ses mensurations hors d'atteinte font pourtant rêver des milliers de jeunes filles et témoignent d'une culture fondée sur le paraître. La preuve en est, face à des mannequins de plus en plus androgynes, que la modélisation du corps par le sport et la rationalisation vont devenir un mode de vie sur-revendiqué par les années 80. Et qu'obtient-on au final ? Je vous le donne en mille : un visage neutre aux traits fins (je devrais même dire invisibles, Photoshop oblige) sur un corps svelte et bronzé (mais pas au soleil, attention, ce serait trop « nature » !). Autrement dit, on a à présent le choix entre ressembler à Lara Croft (ce que finalement, une certaine Scarlett Johansson, réputée pour ses formes bien placées, ne réussit pas trop mal) ou à un mannequin anorexique (là, je ne citerai pas de noms « tant la chose en preuves abonde »). On ne peut pas dire que l'évolution qui touche à notre enveloppe corporelle soit flagrante. Mais le pire dans tout ça, c'est que ces mannequins exposés sur les panneaux publicitaires reflètent réellement ce que notre époque considère comme une belle femme. Au secours ! Nous sommes sous l'emprise d'une nouvelle forme de clonage ! Ceci dit, nous ne sommes qu'au début du XXIe siècle et les choses sont en train d'évoluer... tout en rondeurs.